Dans la foulée de la pandémie de grippe H1N1, une journaliste indépendante, Stéphane Horel, dénonce dans “Les médicamenteurs” l’”omniprésence de l’industrie pharmaceutique à tous les étages du système de santé français”, au terme d’une enquête particulièrement fouillée.
Méthodiquement, celle qui a déjà collaboré à un documentaire sur le sujet en 2009, traque au fil d’une enquête de deux ans les médicaments nouveaux qui n’offrent quasi aucune amélioration du service rendu, les essais cliniques bénéficiant de “petits arrangements”. Elle pointe les 333 visiteurs médicaux que reçoit chaque médecin en un an, les beaux voyages offerts par les laboratoires qui “vident régulièrement les services de cancérologie des hôpitaux”…
Elle insiste aussi sur les conflits d’intérêts des experts, avec des déclarations obligatoires mais dont “personne ne vérifie l’exhaustivité ou l’exactitude”. Elle cite Philippe Foucras, président du Formindep, association défendant une information médicale indépendante : “La logique de la connaissance des liens d’intérêts, ce n’est pas de savoir qui est pourri ou non, c’est une logique de transparence pour savoir qui nous parle”.
“Quand un professeur sous contrat avec l’industrie s’exprime sur un médicament ou des questions de santé, qui parle ?”, renchérit-elle.
Côté grippe, Stéphane Horel note que la Haute autorité de santé ne voit pas d’”intérêt de santé publique” dans le traitement par le Tamiflu tant vanté. Elle remarque que le groupe d’expertise et d’information sur la grippe (GEIG) est “financé à 100% par cinq laboratoires fabricants de vaccins”, et publie sur neuf pages les liens d’intérêts des membres du Comité de lutte contre la grippe, qui conseille le gouvernement.
Elle cible aussi l’Organisation mondiale de la santé, notant qu’”il n’existe aucune liste, aucun organigramme clair sur les experts H1N1″.
Les Médicamenteurs, ed. du Moment, 320P., 19,95E
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