A deux jours du sommet de l’Union européenne, le vice-Premier ministre grec Théodoros Pangalos a accusé l’Allemagne de spéculer contre la Grèce afin d’en faire profiter ses exportations. De son côté, Herman Van Rompuy a convoqué ce soir « un sommet de la zone euro juste avant le conseil européen, pour parler de la gouvernance économique de l’Europe »
L’Allemagne permet à ses banques de « spéculer contre les obligations grecques », a accusé lundi à Athènes le vice-Premier ministre grec Théodoros Pangalos lors d’un forum sur les investissements.
« Ce qui est derrière la position allemande, c’est le calcul qu’en spéculant contre les obligations » grecques « et en permettant aux institutions monétaires et de crédit de participer à ce jeu misérable, des gens en Allemagne gagnent de l’argent », a indiqué M. Pangalos.
« Tandis que les pays du sud de l’Europe souffrent de la baisse de l’euro, les exportations allemandes profitent de la baisse » de la monnaie européenne, a-t-il encore ajouté. (Belga)
Ne soyons pas dupe : le vice-ministre grec, qui se réveille deux jours avant le sommet de l’UE, ne nage pas à contre-courant. Ses accusations, même si elles sont objectivement vraies, ne sont qu’une manche supplémentaire d’une « partie de poker menteur » auquel se livre Berlin et Athènes depuis 10 jours (lire notre article du 18 mars), par lequel l’Allemagne pose les derniers jalons du leadership de sa politique économique.
D’ailleurs, en fin d’après-midi, Berlin a laissé entendre pour la première fois qu’elle pourrait accepter une aide à la Grèce. A une condition toutefois : les pays de l’Union européenne doivent accepter de négocier de nouveaux mécanismes permettant de s’assurer d’une discipline budgétaire effective au sein de la zone euro, soit l’extension des mesures prises en Grèce à l’ensemble des pays de l’UE. Selon plusieurs sources, la France et l’Allemagne travaillent à une position commune sur ce mécanisme d’aide et la gouvernance économique future de la zone euro. Voilà qui laisse le champ libre au projet cher à Herman Van Rompuy (lire Le plan secret du président du Conseil européen Herman Van Ronpuy)
Van Rompuy en embuscade
Voici ce que nous écrivions jeudi dernier, sur Mecanopolis : « Au final, les jeux sont faits et les plans déjà établit : l’Europe payera pour la Grèce et pour tous les autres pays en difficultés qui, malheureusement, ne manqueront pas de se présenter. Le prochain sommet de Bruxelles entérinera le projet de « gouvernance économique » (peu importe le nom qu’il portera), du président du Conseil européen Herman Van Rompuy, préparé ces dernières semaines dans les coulisses de l’Eurogroupe par Jean-Claude Juncker. » (lire Partie de poker menteur entre l’Allemagne et la Grèce)
Herman Van Rompuy confirmait ce soir son intention de « convoquer un sommet de la zone euro juste avant le conseil européen, pour parler de la gouvernance économique de l’Europe ». « Il en discutait depuis le début de la semaine avec ses interlocuteurs » en vue de trouver une solution à la question de l’aide à la Grèce, avant le sommet des chefs d’Etat et de gouvernements de toute l’UE prévu jeudi en fin d’après-midi à Bruxelles. (AFP)
Plus tôt dans la journée, lors d’une conférence de presse conjointe, à Paris, Nicolas Sarkozy et le président du gouvernement espagnol, José Luis Zapatero, ont également appelé à une réunion de l’Eurogroupe au niveau des chefs d’État et de gouvernement, pour débattre de la… gouvernance économique de la zone euro. (Reuters)
Les dernière manoeuvres avant le sommet de l’Union européenne voudraient faire croire que, tous les jours, les dirigeants européens improvisent pour répondre à l’urgence de situations inattendues, alors que n’importe quel observateur un tant soit peu attentif peut en faire la prévision. Quand, par des procédés confusionnistes, des informations de ce genre nous parviennent, le principal n’est pas de se demander comment les choses se passent, mais plutôt d’étudier en quoi elles se distinguent de tout ce qui est arrivé jusqu’à présent.
Comme l’écrivait un auteur que nous avons beaucoup lu dans notre jeunesse « L’imbécilité croit que tout est clair quand la presse a montré une belle image, et l’a commentée d’un hardi mensonge. La demi-élite se contente de savoir que presque tout est obscur, ambivalent, « monté » en fonction de codes inconnus. Une élite plus fermée voudrait savoir le vrai, très malaisé à distinguer dans chaque cas singulier, malgré toutes les données réservés et les confidences dont elle peut disposer. C’est pourquoi elle aimerait connaître la méthode de la vérité, quoique chez elle cet amour reste généralement malheureux. »