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14/07/2010

Pour la presse étrangère, le "Woerthgate" crée "une atmosphère toxique"

Les développements de l'affaire Bettencourt-Woerth sont attentivement suivis à l'étranger. Les journaux décrivent une "crise politique totale".

Grande-Bretagne

La presse britannique attaque bille en tête Nicolas Sarkozy. Pour The Economist, "l'atmosphère politique est toxique". L'affaire Bettencourt, qui a tous les ingrédients d'un "soap-opera" hollywoodien, ne fera que "discréditer" le président de la République, voire aboutir à une "crise politique totale". Eric Woerth est également dans la ligne de mire de l'hebdomadaire, qui se demande si le ministre du Travail est "Woerthy » pour le poste (worthy=digne).

Pour la presse étrangère, le "Woerthgate" crée "une atmosphère toxique"

AFP

Eric Woerth, le ministre du Travail, est très abattu par cette affaire Bettencourt.

The Guardian, lui, voit dans ce scandale une "inattendue dynamite politique", qui, d'un procès anodin s'est "mué en quelque chose qui a de sérieuses implications politiques". Le journal estime que ce scandale pourrait même "précipiter la chute de Nicolas Sarkozy"!

The Telegraph of India relate lui aussi l'affaire de la "L'Oreal lady". Les journaux australiens comme le Daily Telegraph, brésiliens comme O Globo ou israéliens comme Ha'aretz commentent également l'affaire. L'ex-comptable Claire T. est dorénavant une célébrité dans le monde entier.

Italie

Selon la Reppublica, "les temps sont durs pour Nicolas Sarkozy". Le journal compare les personnages de l'affaire à des personnages et des saga de la littérature classique française, dans une trame  "que Balzac, Proust, Dumas ou Maupassant peineraient à atteindre". Une affaire qui "passionne, choque - et pas seulement les Parisiens".

La Stampa est encore plus alarmiste puisqu'elle parle d'une "affaire Bettencourt accable la France" et évoque une affaire d'état sans précédent.

Plus léger, Il Tempo se demande si "Carla utilise des produits l'Oréal pour plaire à Sarkozy?" Mais le quotidien conservateur n'en compare pas moins l'affaire à un "tsunami qui balaie l'Elysee".

Pays francophones

Pour l'occasion, nos confrères belges se fendent même d'un caustique diaporama de toutes les polémiques qui ont (pour l'instant) émaillé le quinquennat : le Fouquet's, la villa Clavier, la nomination de Jean Sarkozy à l'Epad, etc. La libre Belgique qualifie ce dernier scandale de "Woerthgate", en rappelant tout de même qu'aucune des allégations de l'ex-comptable ne sont prouvées à ce jour...

"L'Elysée rattrapée par l'affaire Woerth", titre Le Temps, journal suisse francophone, qui salue pour l'occasion le retour du journalisme d'investigation et tresse des lauriers à Mediapart et son directeur. Le quotidien décerne au site la palme de "divulgateur en chef de scoops" alors même qu'en France, il est attaqué de toutes part par le gouvernement.

Le Devoir québécois se demande "comment un simple conflit d'intérêts s'est transformé en véritable affaire d'État"?

L'Orient-le Jour, du Liban, y voit "la pire [crise] depuis le début du mandat du président français" à tel point que "ces accusations atteignent désormais le président".

Etats-Unis

Les seuils de tolérance ne doivent pas être les mêmes outre-Atlantique. La plupart des journaux américains ne prêtent d'ailleurs à cette affaire qu'une oreille distraite, mis à part le Washington post et surtout l'article de Vanity Fair, plus habitué à parler de Carla Bruni que de son mari. Nicolas Sarkozy partageait d'ailleurs la Une du site avec Angelina Jolie. Article d'ailleurs déjà largement repris par la presse française...

Espagne

Pour El Pais, l'affaire frappe Nicolas Sarkozy de plein fouet. "Tout le monde a oublié comment tout a commencé. Qu'au début, ce n'est que l'exposition publique du linge sale d'une famille très riche, écrit le quotidien. Au fond, ce qui n'était qu'un feuilleton médiatico-sentimental avec des mères, des filles, des séducteurs présumés de vieilles dames riches est devenu, grâce à des enregistrements réalisés par un majordome et à des déclarations d'une comptable, une affaire d'Etat et un scandale politique majeur".

El Pais publie également aussi une galerie des personnages de l'affaire.

"Rumeurs et indiscrétions se succèdent au sujet des ministres qui pourraient tomber en disgrâce. Sarkozy a annoncé personnellement un remaniement ministériel pour octobre prochain. Les prévisions météos annoncent du mauvais temps persistent sur les politiques français", estime, pour sa part,le journal ABC.

Pour la Vanguardia, "la proximité avec les plus grandes fortunes de France, qui a fait tant de mal à Sarkozy au début de son mandat, lors de la fête au Fouquet's par exemple, revient comme un dangereux boomerang alors justement que les Français, fâchés, font face au chômage, au plan d'austérité et à une réforme des retraites perçue comme injuste".

Allemagne

C'est avec cette expression que Bild, le quotidien le plus lu d'Allemagne -12 millions de lecteurs par jour -, débute son article "L'Oréal-Erbin bringt Sarkozy in Bedrängnis " ("Lhéritière L'Oréal met Sarkozy dans l'embarras") consacré à l'affaire politico-financière qui occupe l'espace médiatique français depuis plus d'un mois. Le journal populaire d'Axel Springer se moque de notre président: "La réaction de l'Elysée? Tout est mensonge."

Le site Stern.de est encore plus mordant: "Quel été catastrophique pour la Grande nation. D'abord la sortie humiliante de l'équipe tricolore. Et aujourd'hui un juteux scandale de dons. (...) L'arrogant président, qui est entré en fonction en voulant écrire l'histoire, pourrait involontairement devenir l'histoire", conclut le magazine conservateur.

"L'infâme république", titre pour sa part le Sueddeutsche Zeitung, rappelant que "l'irréprochable république" (en français dans le texte) était un slogan de campagne de Nicolas Sarkozy. Trois ans après, la réalité est bien autre, commente le quotidien régional. Et de conclure, après avoir énuméré les scandales qui salissent le gouvernement ces derniers temps (de l'affaire Woerth-Bettencourt aux cigares de Christian Blanc, en passant par le jet privé de Joyandet): "Il faut plus que des mots pour une République irréprochable."

La presse allemande n'oublie pas que la fête nationale tricolore approche. Pour le quotidien Die Zeit, toutes les affaires du règne de Sarkozy I (célébration de son élection au Fouquet's, vacances sur le yacht de Bolloré et les liens avec les Bettencourt) sont de nature à créer "une atmosphère de 4 août" (en1789 les révolutionnaires ont aboli les privilèges). Alors que les Français célèbreront en dansant le 14 juillet la date anniversaire de la Révolution, "Sarkozy n'a pas pas grand-chose à fêter cette année", estime le magazine Der Spiegel.

"Lors d'un discours télévisé à la Nation, le "petit homme" va tenter de regagner la confiance des Français", écrit le Frankfurter Rundschau. "Mais les dégâts sont déjà immenses, avec l'impression que les moeurs politiques sont tombées bien bas". La conséquence, "les élections de 2002 l'ont déjà montré: le triomphe de l'extrême droite à la présidentielle", conclut le quotidien.

http://www.lexpress.fr/actualite/politique/pour-la-presse...